Mois des fiertés
La fierté LGBTIQ+ c’est toute l’année ! Mais le mois de mai, comme chaque année, permet de redonner un peu plus de visibilité à des livres importants sur le sujet.
– Intersexes : du pouvoir médical à l’autodétermination
de Michal Raz, avec la collaboration de Loé Petit (voir la fiche du livre ICI)
Souvent présentée sous le signe d’un troisième sexe alimentant l’imaginaire de l’hermaphrodite, l’intersexuation a longtemps été de l’unique ressort de la médecine qui s’arrogeait l’autorité de dire « le vrai sexe » et intervenait en conséquence. Mais, depuis quelques décennies, des témoignages se font jour, révélant les violences physiques et psychiques subies par ces enfants et ces adolescent·es dont on a voulu conformer le corps à l’image binaire du sexe, effaçant par là même leur existence corporelle, légale et culturelle.
Cet ouvrage cherche à ouvrir le débat, à compléter et enrichir les recherches actuelles. Il aborde l’histoire de la médicalisation des personnes intersexes, les conséquences du paradigme interventionniste sur les individus et leurs mobilisations collectives à l’origine d’évolutions des institutions nationales et internationales sur le sujet.
Au travers également de témoignages, Michal Raz montre la nécessité d’un changement de paradigme sur la binarité des sexes, sur le genre et la sexualité pour permettre de considérer l’intersexuation non pas comme une anomalie à réparer, mais comme une variation du corps parmi d’autres.
– Transidentités et transitudes. Se défaire des idées reçues
de Karine Espineira et Maud-Yeuse Thomas (voir la fiche complète ICI)
Si la transidentité n’est pas un fait nouveau, les franchissements de genre suscitent toujours préjugés, brutalités, théories et pressions sur les existences des personnes concernées. Car les transidentités, appréhendées par le concept d’identité de genre ou sous l’idée d’expériences de vie trans, réinterrogent l’analogie « naissance = assignation » et questionnent la construction sociale de la binarité. Pour cela, et à cause d’une légitimation de la transphobie dans le débat public, les personnes trans font face à de nombreuses violences et à une dégradation de leurs droits.
Déconstruire les idées reçues autour de la transidentité apparaît aujourd’hui plus que nécessaire pour contrer ces discours haineux, sortir de l’instrumentalisation, valoriser les mouvements de lutte des personnes concernées et donner à voir des transitions plurielles.
– Identités lesbiennes. En finir avec les idées reçues
de Stéphanie Arc (voir la fiche du livre ICI)
« On les reconnaît facilement », « Entre femmes, ce n’est pas vraiment du sexe », « C’est de naissance », « Elles n’ont pas trouvé le bon »… Qu’on les entende dans un film grand public ou une « blague » à la machine à café, de la part d’un·e proche ou d’un·e collègue de travail, les idées reçues sur les lesbiennes sont familières à tou·te·s. Preuve qu’elles sont bien ancrées dans les mentalités. Sous leur apparence anodine, elles dessinent un portrait caricatural et stigmatisant de ces femmes qui transgressent et subvertissent les normes du système hétérosexiste. Au-delà des injonctions sociales et du prêt-à-penser, cet ouvrage déconstruit les représentations du lesbianisme en mettant au jour les mécanismes de domination qui les sous-tendent. Et il montre que les identités lesbiennes, trop souvent invisibilisées et minorisées, sont au contraire infiniment plurielles et inattendues.
– Écrire à l’encre violette. Littératures lesbiennes en France de 1900 à nos jours
de Aurore Turbiau, Alex Lachkar, Camille Islert, Manon Berthier et Alexandre Antolin (voir la fiche du livre ICI)
Après des siècles d’un silence quasi-entier, plusieurs œuvres ouvertement lesbiennes sont publiées au tout début du XXe siècle. Depuis lors, des années folles à l’après-guerre, de l’histoire militante des années 1970 à la naissance de l’édition spécialisée, jusqu’à l’effervescence du début du XXIe siècle, ce sont des centaines de textes qui disent et théorisent leur existence. Parcourant tous les genres, ils mettent en scène le lesbianisme, nomment et nourrissent une culture partagée, en réactivent la mémoire et les noms. Né du constat d’une mémoire immense, mais enterrée, éclatée et négligée, Écrire à l’encre violette souhaite rendre compte de l’ampleur de ce dialogue lesbien : il intègre et modifie le cadre de la littérature, ouvre d’autres perspectives en bousculant ses normes.